Comment planter des rhizomes de bambou​ ?

Pourquoi choisir la multiplication par rhizomes ?

Contrairement aux idées reçues, on ne peut pas bouturer un bambou en mettant une canne dans l’eau. J’ai testé cette méthode plusieurs fois sans succès. La vraie multiplication des bambous traçants passe par leurs rhizomes, ces tiges souterraines qui stockent les réserves nutritives.

Mon premier essai remonte à il y a cinq ans avec un phyllostachys aurea dans mon jardin. J’avais remarqué que les rhizomes s’étendaient bien au-delà de la zone prévue. Plutôt que de les couper bêtement, j’ai décidé de récupérer quelques fragments pour créer de nouveaux plants.

Cette technique fonctionne exclusivement avec les bambous traçants comme les phyllostachys. Pour les bambous cespiteux type fargesia, mieux vaut opter pour la division de touffes.

Quand prélever les rhizomes de bambou ?

Le timing fait toute la différence. Même si techniquement, vous pouvez prélever des rhizomes toute l’année, j’obtiens mes meilleurs résultats entre fin février et début mars. Cette période correspond à la sortie d’hiver, quand les rhizomes ont accumulé leurs réserves mais que la croissance n’a pas encore repris.

Évitez absolument les périodes de gel intense. J’ai perdu plusieurs rhizomes en tentant un prélèvement en janvier lors d’une vague de froid. Les tissus fragiles ne supportent pas ce stress supplémentaire.

L’automne peut également convenir, mais les rhizomes auront moins de temps pour s’établir avant l’hiver. Mon conseil : restez sur la fin d’hiver, vous maximiserez vos chances.

Comment identifier et prélever un bon rhizome ?

Pas question de prélever n’importe quel rhizome. Vous devez cibler ceux âgés de 2 à 4 ans maximum. Comment les reconnaître ? Les jeunes rhizomes présentent une couleur plus claire, une texture moins ligneuse et surtout des bourgeons bien visibles.

Voici ma technique de prélèvement éprouvée :

Creusez délicatement autour du pied mère avec une bêche, en suivant les rhizomes qui s’éloignent. J’utilise toujours mes mains pour dégager la terre fine et éviter d’abîmer ces structures fragiles. Une fois le rhizome bien visible, sectionnez un fragment d’au moins 30 cm.

Vérifiez impérativement la présence d’au moins 3 bourgeons (ces petites protubérances qui donneront les futures tiges). Sans eux, votre rhizome ne donnera rien. J’ai appris cette leçon à mes dépens avec mes premiers essais ratés.

Désinfectez votre sécateur entre chaque coupe pour éviter la transmission de maladies. Un détail qui peut sauver toute votre plantation.

Préparer le substrat idéal pour la plantation

Le choix du substrat conditionne largement le succès de votre plantation. Après avoir testé différents mélanges, je mise sur une composition simple mais efficace : 2/3 de terreau de qualité et 1/3 de sable de rivière.

Cette proportion assure un drainage suffisant tout en conservant l’humidité nécessaire. Les bambous détestent avoir les pieds dans l’eau, mais ils ont besoin d’un sol frais. Le sable évite la stagnation tandis que le terreau nourrit le rhizome durant sa phase d’installation.

Évitez le terreau premier prix qui se transforme souvent en boue compacte. Investissez dans un terreau enrichi en compost, vos rhizomes vous remercieront. Concernant le sable, bannissez le sable de mer trop salé qui brûlerait les jeunes racines.

Technique de plantation en bac

La plantation en bac présente plusieurs avantages pour débuter. Elle permet de contrôler la croissance, facilite l’arrosage et vous laisse le temps de préparer l’emplacement définitif dans votre jardin.

Choisissez un contenant d’au moins 40 litres pour donner de l’espace au système racinaire. Vérifiez la présence de trous de drainage au fond. Si votre bac n’en possède pas, percez-en plusieurs avec une mèche béton.

Disposez une couche de 5 cm de graviers ou de billes d’argile au fond pour améliorer l’évacuation de l’eau. Versez ensuite votre mélange terreau-sable jusqu’à mi-hauteur.

Positionnez le rhizome horizontalement, bourgeons dirigés vers le haut. Cette orientation respecte le sens naturel de croissance. Recouvrez de 8 à 10 cm de substrat sans tasser excessivement.

L’arrosage initial doit bien humidifier tout le substrat sans créer de flaques. Par la suite, maintenez une humidité constante avec un arrosage tous les 10 jours environ, selon la météo.

Plantation directe en pleine terre avec protection

Si vous préférez planter directement en pleine terre, la barrière anti-rhizome devient indispensable. J’ai vu trop de jardins envahis par des bambous traçants plantés sans précaution.

Creusez une tranchée de 60 cm de profondeur tout autour de la zone prévue. Cette profondeur bloque efficacement la progression des rhizomes qui évoluent généralement entre 20 et 40 cm sous terre.

Installez votre barrière (plastique spécialisé, béton ou métal) en veillant à ce qu’elle dépasse de quelques centimètres au-dessus du sol. Jointurez parfaitement les raccords avec un scotch étanche pour éviter toute échappatoire.

Remplissez ensuite avec votre mélange terreau-sable enrichi en compost. Cette préparation du sol influence directement la vigueur de vos futurs bambous. Comme pour la plantation d’autres variétés traçantes, un sol fertile accélère l’installation.

Soins et surveillance durant l’enracinement

Les premières semaines s’avèrent cruciales pour la réussite de votre plantation. Surveillez l’humidité du substrat sans jamais le laisser se dessécher complètement. Un paillis léger à base de feuilles mortes maintient la fraîcheur tout en protégeant les jeunes pousses des gelées tardives.

Ne vous inquiétez pas si rien ne pousse durant plusieurs mois. Les rhizomes développent d’abord leur système racinaire avant d’émettre des chaumes visibles. Patience et régularité dans l’arrosage donnent toujours de bons résultats.

Placez vos bacs dans un endroit à mi-ombre, surtout si vous plantez au printemps. Le plein soleil risque de stresser les rhizomes en phase d’adaptation. Une exposition est-ouest convient parfaitement.

Évitez tout apport d’engrais durant les trois premiers mois. Les rhizomes puisent dans leurs réserves internes pour s’installer. Un excès de nutriments pourrait même compromettre l’enracinement.

Gérer la croissance et l’expansion

Une fois vos rhizomes bien installés, surveillez attentivement leur développement. Les bambous traçants peuvent surprendre par leur vitesse d’expansion. Inspectez régulièrement le pourtour de vos barrières pour détecter d’éventuelles tentatives d’évasion.

La taille des nouveaux chaumes se fait de préférence en automne, après l’arrêt de la croissance. Supprimez les cannes trop faibles ou mal orientées pour concentrer la sève dans les plus vigoureuses. Cette sélection améliore l’aspect général de votre bosquet.

Concernant l’entretien, un arrosage régulier reste nécessaire surtout en période sèche. Les bambous consomment beaucoup d’eau durant leur croissance active de mai à septembre.

Résoudre les problèmes courants

Plusieurs difficultés peuvent survenir lors de la plantation de rhizomes. Le jaunissement des premières pousses indique souvent un stress hydrique ou un substrat mal drainé. Ajustez l’arrosage et vérifiez l’évacuation de l’eau au fond de vos contenants.

Si aucune pousse n’apparaît après 6 mois, déterrez délicatement le rhizome pour vérifier son état. Un rhizome sain présente une couleur claire et une texture ferme. S’il devient mou ou noirâtre, c’est qu’il a pourri à cause d’un excès d’humidité.

La prolifération excessive pose parfois problème même avec des barrières. Inspectez annuellement vos installations et taillez les parties débordantes avant qu’elles ne s’installent définitivement.

Certains rhizomes restent dormants plusieurs saisons avant de démarrer. Ne les abandonnez pas trop vite, continuez l’entretien minimal. J’ai eu des surprises avec des rhizomes qui se sont réveillés au bout de deux ans.

Créer votre bambouseraie personnelle

Une fois maîtrisée, cette technique de multiplication vous permettra de créer votre propre bambouseraie à partir d’un seul pied mère. Planifiez l’espacement entre vos plants selon la variété choisie et l’effet recherché.

Pour un bosquet dense, espacez vos plantations de 1,5 à 2 mètres. Pour un effet plus aéré, comptez 3 à 4 mètres entre chaque zone de plantation. Cette planification évite la surpopulation tout en créant l’ambiance désirée.

Diversifiez les hauteurs en associant des variétés naines aux grands bambous. Cette stratification crée du relief et prolonge l’intérêt visuel de votre aménagement. Attention toutefois à bien identifier le caractère traçant ou cespiteux de chaque variété pour adapter vos méthodes de plantation.

Quand transplanter en définitif ?

La transplantation des jeunes plants issus de rhizomes se programme idéalement après une saison complète en bac. Cette période permet au système racinaire de se développer suffisamment pour supporter le changement d’environnement.

Choisissez l’emplacement définitif en tenant compte de l’exposition et de la place disponible. Les bambous apprécient un sol frais et bien drainé, avec une exposition mi-ombragée à ensoleillée selon les variétés.

Préparez le terrain en travaillant la terre sur 50 cm de profondeur et en incorporant du compost bien mûr. Cette préparation conditionne la reprise et la croissance future de vos bambous. N’oubliez pas d’installer la barrière anti-rhizome si ce n’est pas déjà fait.

La transplantation se déroule de préférence au printemps ou au début d’automne, en évitant les périodes de forte chaleur ou de gel. Arrosez copieusement après la plantation et maintenez un suivi attentif durant le premier mois.

Optimiser la réussite de vos plantations

Plusieurs facteurs influencent positivement le succès de vos plantations de rhizomes. La qualité de l’eau d’arrosage joue un rôle non négligeable. Une eau trop calcaire peut bloquer l’absorption des nutriments. Récupérez l’eau de pluie quand c’est possible ou laissez décanter l’eau du robinet.

L’exposition progressive au soleil améliore l’acclimatation des jeunes plants. Commencez par quelques heures de soleil matinal puis augmentez progressivement selon la réaction du feuillage.

Le paillis organique maintient l’humidité du sol tout en apportant des éléments nutritifs lors de sa décomposition. Utilisez des matériaux locaux comme les feuilles mortes, les tontes de gazon séchées ou les copeaux de bois non traité.

Réussir sa plantation : récapitulatif des étapes essentielles

Planter des rhizomes de bambou traçant demande de la méthode mais reste accessible à tout jardinier patient. La clé du succès réside dans le respect des périodes de prélèvement, la qualité du substrat et la régularité des soins.